Il y a des sketches qui ne prennent pas une ride. « Le syndicat, le délégué » de Coluche en fait partie. Avec son humour corrosif et son regard acéré, le clown aux cheveux blancs y dépeignait déjà, dans les années 1980, les travers d’un syndicalisme parfois éloigné des réalités des travailleurs. « Un délégué syndical, c’est un gars qui te fait la grève pour que toi, t’aies le droit de bosser », lançait-il, résumant en une phrase l’absurdité d’un système où ceux qui devraient défendre les ouvriers finissent par s’institutionnaliser, voire se couper du terrain.
Aujourd’hui, ses mots résonnent avec une actualité brûlante. Entre les divisions syndicales, les réunions interminables et les accords signés sans consultation, beaucoup de salariés se sentent trahis par des structures censées les protéger. Coluche, avec son génie, pointait du doigt cette dérive : le syndicalisme comme machine bureaucratique, où les délégués deviennent des professionnels de la négociation… mais pas toujours des représentants du peuple.
Pourtant, son sketch n’était pas une condamnation, mais un appel à la vigilance. « Faut pas se laisser bouffer », semblait-il nous dire. À l’heure où les inégalités explosent et où les travailleurs peinent à se faire entendre, son humour reste une piqûre de rappel : le syndicalisme a du sens quand il part du terrain, pas des salles de réunion.
Et si, finalement, la meilleure façon de lui rendre hommage était de prendre ses mots au sérieux ? Moins de discours, plus d’action. Comme il l’aurait sans doute dit : « La grève, c’est comme l’amour : ça se fait à deux, et si t’es tout seul, t’es dans la merde.
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