Dans sa chronique percutante, Florence Mendez s’empare de l’expression « Mangez les riches » pour dénoncer les inégalités criantes qui traversent notre société, notamment à travers le prisme de l’alimentation. L’idée n’est pas nouvelle : depuis Rousseau, elle symbolise la révolte contre un système où une minorité s’enrichit sur le dos du plus grand nombre. Aujourd’hui, cette métaphore prend un sens littéral. Notre assiette reflète les privilèges et les injustices : des festins de ministres aux burgers à la truffe, en passant par l’accaparement des terres et les scandales sanitaires, la nourriture est à la fois un plaisir et un instrument de pouvoir.
Nora Bouazzouni, dans son essai éponyme, rappelle que « manger les riches », c’est s’attaquer aux privilèges, déconstruire les mécanismes qui font de l’alimentation un marqueur de classe. Entre agro-business, Nutri-score et grossophobie, les plus démunis sont souvent laissés sur leur faim, tandis que les élites se gavent, littéralement et symboliquement. La lutte des classes passe désormais par l’assiette : et si, plutôt que de subvenir aux symptômes, on s’attaquait à la maladie ?
Florence Mendez, en reprenant ce slogan provocateur, nous invite à repenser notre rapport à la nourriture comme un acte de résistance. Car manger, c’est aussi choisir de quel monde on veut être le complice ou l’adversaire.
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