Le triomphe de l’absurde
En 2006, le film Idiocracy de Mike Judge dépeignait une société future où la médiocrité intellectuelle et la culture de l’instant avaient réduit l’humanité à un état de décadence avancée. Près de vingt ans plus tard, la fiction semble avoir rattrapé la réalité. Pire : elle l’a dépassée. La famille traditionnelle, pilier millénaire de la transmission des valeurs, de la stabilité sociale et de la résilience collective, est aujourd’hui en lambeaux. Victime collatérale de l’idiocratie de masse, elle a été sapée par une combinaison mortelle : l’individualisme forcené, le culte de l’émotionnel, et l’idéologie du « tout est permis ».
Mais comment en est-on arrivé là ? Et surtout, qui en paiera le prix ?
1. L’individualisme : le cancer de la famille
« Moi d’abord, les autres jamais » : telle est la devise implicite de notre époque. L’individualisme, érigé en dogme sacré, a transformé chaque membre de la famille en une île isolée, où les droits prime sur les devoirs, et où l’engagement se mesure à l’aune de son utilité immédiate.
- La fin du sacrifice : Autrefois, la famille était un contrat moral implicite : on se serrait les coudes, on renonçait à certains désirs pour le bien commun. Aujourd’hui, le moindre effort est perçu comme une oppression. Les enfants quittent le foyer parental dès 18 ans (quand ils ne l’ont pas déjà fui plus tôt), les couples se séparent au premier signe de lassitude, et les personnes âgées sont parquées en Ehpad, loin des regards gênants.
- L’enfant-roi : Élevé dans le culte de l’estime de soi, l’enfant moderne est devenu un tyran domestique. Ses caprices sont des ordres, ses échecs des traumatismes, et ses parents des serviteurs corvéables à merci. Résultat ? Une génération d’adultes incapables de gérer la frustration, et donc de fonder à leur tour des familles stables.
Conséquence : La famille n’est plus un refuge, mais un lieu de passage, un coliving émotionnel où chacun attend de l’autre qu’il comble ses manques sans jamais rien exiger en retour.
2. La culture de l’émotion : quand le sentiment remplace la raison
Dans une société idiocratique, l’émotion prime sur la logique, et le ressenti individuel écrase la réalité objective. La famille traditionnelle, fondée sur des rôles clairs et une hiérarchie naturelle, est devenue l’ennemi à abattre.
- La guerre contre les genres : La théorie du genre, poussée à l’extrême, nie toute différence naturelle entre hommes et femmes. Père et mère deviennent des « parents 1 et 2 », interchangeables, et l’idée même de complémentarité est taxée de « patriarcat ». Pourtant, des décennies de psychologie et d’anthropologie montrent que les enfants ont besoin de repères stables – pas de laboratoires sociologiques.
- Le mariage : un contrat obsolète : Pourquoi s’engager quand on peut « tester » sans risque ? Le Pacs, l’union libre, et bientôt les « mariages temporaires » (oui, ça existe) ont transformé l’engagement en une option parmi d’autres. Résultat : en France, un mariage sur deux finit en divorce, et les enfants trinquent.
Conséquence : La famille n’est plus une institution, mais un agrégat instable, soumis aux humeurs du moment. Et quand l’émotion remplace la raison, c’est la porte ouverte à tous les excès.
3. L’État-providence : le complice de la destruction
L’idiocratie ne serait rien sans ses complices. Et le premier d’entre eux, c’est l’État, qui a progressivement remplacé la famille dans ses fonctions essentielles.
- L’école contre les parents : Dès la maternelle, l’enfant est éduqué (ou plutôt endoctriné) par des « experts » qui savent mieux que ses parents ce qui est bon pour lui. Les programmes scolaires, imprégnés d’idéologie, sapent l’autorité parentale et encouragent les enfants à « se libérer » des « carcans familiaux ».
- Les allocations familiales : une prime à l’irresponsabilité : Pourquoi se marier quand l’État paie ? Pourquoi élever ses enfants quand les aides sociales rendent la parentalité « facile » ? Résultat : des familles éclatées, des pères absents, et des mères épuisées, livrées à elles-mêmes.
Conséquence : L’État a créé une dépendance perverse. Les citoyens ne comptent plus que sur lui – et quand il faillit (ce qui est inévitable), c’est le chaos.
4. Les réseaux sociaux : l’accélérateur de décadence
Facebook, Instagram, TikTok… Ces plateformes ne se contentent pas de refléter la société : elles la façonnent. Et leur modèle ? L’idiocratie en temps réel.
- La famille virtuelle : Pourquoi passer du temps avec sa vraie famille quand on peut « liker » des inconnus sur Internet ? Les repas de famille sont remplacés par des stories, les conversations par des memes, et l’amour par des « swipes ».
- La cancel culture familiale : Un désaccord politique ? Une remarque mal interprétée ? Hop, on « cancel » papa ou maman, et on les exclut de sa vie. La famille devient un champ de bataille idéologique, où règne la loi du plus offusqué.
Conséquence : Les liens familiaux, déjà fragilisés, sont réduits à des interactions superficielles – quand ils ne sont pas purement et simplement rompus.
Conclusion : Que reste-t-il de la famille ?
La famille traditionnelle n’est pas morte. Elle a été assassinée – par l’individualisme, par l’émotionnel, par l’État, et par les réseaux sociaux. À sa place, nous avons une coquille vide : des foyers éclatés, des enfants livrés à eux-mêmes, et des adultes incapables de transmettre quoi que ce soit, faute d’avoir eux-mêmes reçu une éducation solide.
Pourtant, l’histoire nous montre que les sociétés qui abandonnent la famille courent à leur perte. La Grèce antique, Rome, et bien d’autres civilisations se sont effondrées quand leurs fondements familiaux se sont dissous. L’idiocratie de masse n’est pas une fatalité – mais pour la combattre, il faudra d’abord reconnaître une vérité dérangeante : la liberté sans limites mène à l’esclavage.
Et vous, chers lecteurs, que comptez-vous faire pour sauver ce qui peut encore l’être ?